Wettolsheim en 1804 par Emile Wagner

 

 

 

Article de presse du 20 Aout 1954.

 

Il y a 150 ans, c'était en 1804.

 

En France la Révolution se termine. Napoléon Ier est nommé par décret sénatorial empereur et le peuple valide par vote à bulletin secret avec une majorité écrasante. L'ordre règne à nouveau dans le pays.

 

Dès 1801, Napoléon passe un accord avec le clergé, Le Concordat. Les curés restés fidèles à leurs préceptes, ceux qui ne voulaient pas accepter la constitution, étaient poursuivis, et devaient soit fuir soit accepter d'être enfermés, et maintenant libres de retourner dans leurs villages et d'exercer leur sacerdoce.

 

Le père Silbermann, qui n'avait jamais quitté ses ouailles, avait été caché par les habitants, essentiellement par la famille Bruckert (actuelle maison Gaschy).

 

Joseph Bernard HEINRICH est le maire du village en ces temps.

 

L'officier d'état civil était élu par le conseil municipal et était nommé « Agent Municipal ».

 

Les personnes suivantes étaient à ce poste : Jakob Schoepfer, Frédéric Butterlin et en dernier Bernard Joseph Heinrich, mais à partir du 22 Brumaire an 7 (12 novembre 1798) Johannes Septe est nommé. Il avait probablement la confiance des dirigeants de la Révolution et de plus était intégré par mariage au village.

 

Lui succède de nouveau Bernard Joseph Heinrich avec le titre de Maire.

 

Son secrétaire de mairie et Instituteur du village François Antoine Drach, non natif du village, y exerce ses fonctions pendant plus de trente (30) ans.

 

Mais quel est donc l'aspect du village ?

 

Wettolsheim n'a jamais été entouré de murs comme la plupart des villages environnants, bien que la situation et la richesse du sol en étaient identiques. L'origine en est sûrement la disposition sur plusieurs sites du village. Au début du Moyen-Âge, une partie appelée « Altdorf » » située au fond du « Wagenwegtälchen », une autre à côté d’une très ancienne chapelle « Fridolinskirchhofe » (Chapelle Saint Fridolin, chœur de l'église actuelle), site sur lequel existait déjà une église en des temps bien plus anciens, des toutes premières de ces lieux. D'autres habitations, notamment sur le « Bergele », étaient accolées à l'ancien château « Martinsbourg », mais qui s'élevait en-dessous de l'actuel château (ancienne ferme du château et maison de la famille Gangloff construite sur les fondations de l'ancien château). Des fermes étaient réparties sur l'ensemble du centre actuel du village. A fur et à mesure, les rues tissent leur toile. Des maisons du début il n'en reste probablement plus beaucoup (voir maison Gilg à l'Eco musée d'Alsace « maison typique du vignoble »), suite aux incendies, hostilités et guerres auxquelles le village était livré sans défense.

 

Bien que Wettolsheim n'a jamais été le siège d'aucune grande bataille, les comtes De Horbourg exclus.

 

 

 

En l'an 1804, l'entrée du village est située près de l'ancienne école des garçons dans la rue « Colmerergass » (bas de la rue Herzog) également appelée la rue « Feldkichweg ».

 

Le bâtiment de l'ancienne école n'est dans cet aspect que depuis les années 1860 sur les ruines d'une belle demeure qui avait brulé et comme celle de la famille Silbermann. Elle Portait le n°1.

 

En 1808, elle appartenait à une famille noble « De Roque », Cette même année y décède Nicolas De Roque, Général de Division. Mais ce n'était que le beau-frère du propriétaire, Maurice Jean-Baptiste, Balthasar De Bergeret, Colonel d'Infanterie, et se nommait également seigneur de Morschwiller et Richwiller, Son épouse est Marie-Anne, Marguerite, Hélène née De Roque, ce qui explique la présence du prénommé général. Elle décède également en ce lieu en 1818. Le décès est déclaré à la mairie de Wettolsheim par Antoine Joseph Silbermann. Ce dernier était marié avec la fille du Colonel. Elle se nomme Sidonie Marie, née De Bergeret.

 

Le Capitaine Silbermann était originaire de Soultz et était probablement de la même famille que le prêtre Silbermann du village (cité en 1804).

 

C'est de cette manière par mariage que les Silbermann étaient propriétaires de cette demeure.

 

La rue « Colmarergass » (rue de Colmar) était en ces temps relativement courte (en comparaison de la rue Herzog actuelle). Quelques pas plus loin, on nommait les maisons « Untermbrückle » (avant le pont), puis « Beimbrückle » (à côté du pont), finalement « Ubermbrückle » (après le pont). Dans le chemin dit « Ortmattweg » des maisons s'y trouvaient déjà, à droite direction « Bitzen ». Les noms étaient différents « Wintzenheimergässle » et « Wassergässle ». De nos jours (1955), on ne nomme que la rue étroite à droite du « Bitzen » « Wassergässle », probablement par suite d’inondations répétées dues à des canalisations en mauvais état ou inexistantes. Probablement il devait y avoir un effet désagréable sur le voisinage.

 

La Maison de Théophile Mann est située sur un site qui était probablement occupé par l'homme depuis bien longtemps d'après les objets que l'on y a trouvés.

 

Le nom de « Gertrudgasse » n'apparaît que vers 1886 également avec celui de « Remigiusgasse » et « Herzog-Strasse ».

 

« Herzog-Strasse » est le nom définitif de l'ancienne « Colmarergasse » et également appelée « Feldkirchweg ».

 

Celle-ci est raccordée à la « Berggasse » ou « Lang-Strasse ».

 

A l'origine, la rue dite « Berggasse » était nommée probablement « Bärengasse », pourquoi l'avoir débaptisé.

 

L'industriel Antoine Herzog de Logelbach, fait transformer dans ces années, le chemin à travers vignes et forêt, qui mène à la ruine du « Hagueneck », en chemin praticable par une calèche, en l'élargissant.

 

Le chemin forestier, il le fait jusqu'au lieu-dit la « Lach » tout en haut de la colline.

 

La commune venait de passer à travers plusieurs années de mauvaises récoltes dans le vignoble, alors que l'industrie était en plein essor.

 

 

 

Grâce à ces travaux, plus d'un habitant a eu des rentrées inespérées.

 

Et c'est bien l'effet que l'industriel innovateur dans le domaine du social recherchait en priorité.

 

Et c'est en son honneur qu’on nomme toute la route depuis le « Feld-Kirch-Hof », à travers tout le village, la « Herzog-Strasse ».

 

Et, comme on était en train de renommer les rues, on transforma le « Bitzen » en « Gertrudgasse », et la plus qu'ancienne dénomination de « Wolfgasse » et celle attenante « Holdergasse » en « Remigiusgasse ».

 

« Gertrudgasse » et « Remigiusgasse » ont été choisies en honneur à nos anciens patrons de l'église paroissiale.

 

De même l'actuelle « Schlossgasse » ne s'appelait pas ainsi en 1804. Elle portait fièrement le nom de « Besetzgasse » et seulement le dernier morceau, près du « Schlossgarten », s'appelle « Schlössleweg ».

 

Probablement tous ces remaniements ont dû faire parler dans les chaumières à l'époque.

 

A gauche de la « Besetzgasse », part une rue, qui de notre jour porte encore le nom de « Tempelgasse ».

 

A l'origine, au fond de la rue, se trouvait le temple juif.

 

En 1804, la synagogue n'y est déjà plus mais se trouve à la place de la nouvelle Boulangerie moderne que fait édifier Martin Grimmer.

 

De fait, beaucoup de juif habitaient Wettolsheim. Ils avaient non seulement leur synagogue mais également leur propre école.

 

Il y a 150 ans (en 1805) l'instituteur juif Marc Poberle est chargé de l'enseignement, Il était dans sa quarantième année (40).

 

Issac Hirtz était premier chanteur dans la synagogue.

 

Les noms des familles vivant ici : Weyl, Schwob, Bloch, Bickart, de nombreux Hirtz et Levy, Moses Moise, Bernard Mannele, Nathan Lehmann, Nathan Bernard, Yschen Elias, et bien d'autres.

 

Leurs métiers : Metzger, Viehhändler, Lumpen et Eisensammler, Güterhändler et fahrende Händler.

 

A droite de la « Besetzgasse », près de la mairie, il y avait une et probablement plusieurs demeures appelées « Meyer-Hoff » et aussi « Bezirkmeyerhoff ». Peut-être qu'il existe dans le village d'autres indices qui pourraient nous éclairer sur ce secteur. Des termes ressemblants pour désigner le lieu de maisons sont également utilisés comme « Acker-Hoff », « Apfel-Acker », et aussi « Pfleck ».

 

A proximité de notre grotte de Lourdes devait également se trouver une ruelle qui se nommait « Capelgässlein ».

 

Ce terme peut avoir une signification plus ancienne.

 

Ici peut-être se trouvait le « Meyer-Hoff » de la famille Cappeler, une famille noble d'Alsace qui possédait des terres à Wettolsheim.

 

Le nom « Bergele » concernait le groupe de maisons du secteur à proximité du château (Bezirkbeimschloss), est un terme utilisé depuis longtemps et déjà en 1804.

 

Cependant, la dénomination « Afrikaner-Zirkel » ne date que de 1885. Une famille déménage en 1871 vers l'Afrique du Nord. Plus tard ils reviennent et occupent une maison dont le quartier est du coup baptisé de ce surnom.

 

De l'endroit nommé « Schlüsselgässle » et « Schlüsselgärten » on parle encore aujourd'hui. Il désigne la rue entre le « Bergelé » et le « Neuweg » et la « Remigiusgasse ».

 

Le « Dichlwäschle » était situé à l'autre bout de la « Berggasse » (l'actuelle « Herzog-Strasse »).

 

C'est un petit étang, dans lequel on entrepose les tuyaux en bois qui servaient au transport de l'eau depuis le « Brunnweg » jusqu'au « Stock-Brunnen » (fontaine du village).

 

Il n'y avait en ce temps qu'une seule fontaine avec de l'eau courante, sur la place du village.

 

Là où se trouve le « Oberestockbrunnen » qui est en service depuis des années, et alimenté par la même canalisation, existe en 1804 un « Schöpfbrunnen » (fontaine à main « écopage »), qui seulement plus tard est transformé et modernisé en un « Pumpbrunnen » (fontaine à pompe), la margelle d'accès a été vendue.

 

Par la suite, on se rend compte que la fontaine peut être transformée en fontaine à eau courante. Pourquoi ne pas l'avoir fait tout de suite ? Peut-être la peur de n'avoir pas assez d'eau pour deux fontaines, ou peut-être que le coût d'une deuxième fontaine était trop élevé.

 

Les temps n'étaient pas roses pour les finances de la commune.

 

La fontaine à eau courante était un point de fourniture d'eau très important pour le centre du village, et bien plus encore en cas d'incendie.

 

Le moindre petit feu trouvait largement à se nourrir dans le bois sec qui composait les maisons, tous les matériaux s'enflammaient comme des allumettes.

 

Très peu de maisons portent encore leurs marques d'origine sur le linteau du portail, par exemple les maisons en face de la grotte de Lourdes, spécialement la maison de la menuiserie Albert Ehrhart, également la maison natale de Monseigneur Schoepfer, le maître d'œuvre de la grotte de Lourdes. Malheureusement elle est la proie des flammes et à sa place est érigée la « Lourdes-Grotte ».

 

Le nom « Neu-Weg » apparaît vers 1871.

 

Il également question d'une ruelle nommée « Weibelgässlein », elle n'est pas située près de la « Wacht », mais à droite de la « Langgass » ou « Berggass » et la coupait.

 

Est - ce l'impasse vers le « Steingrubweg » ou la « Klinggasse ».

 

Il n'est pas possible d'en être certain.

 

Il semble que le nom « Klinggasse » n'est pas très ancien. Il apparaît avec quelque certitude qu'il nous vient de la famille Kling qui y possédait une maison. Cette famille était également bien représentée sur l'ensemble du village.

 

Une famille Kling habitait également la « Gertrudgasse ».

 

La plus ancienne du village nous dit avec certitude que le porte-drapeau sur l'image que supporte l'autel principal de notre église s'appellerait Kling. C'est ce qu'elle a entendu dire pendant sa jeunesse.

 

 

 

Emile Wagner (instituteur, écrivain, compositeur).